Je ne suis pas du matin, c'est comme ça, ça ne se discute pas.

Donc lorsque je suis dans mon véhicule et que j'ai déjà les yeux qui piquent sans être encore sur mon écran d'ordinateur, j'apprécie encore moins de me faire agresser par les animateurs radios.

Pourquoi a-t-on besoin de finir ou débuter toutes ses phrases en élevant la voix, voir en hurlant? Je suis bien réveillé, inutile de me le rappeler. Chaque intonation déclenche en vous un soubresaut terrible, à la limite de la convulsion.

Pourquoi a-t-on besoin de supporter les jeux crétins (désolé je n'ai pas trouvé d'autres mots) ou les vannes à deux euros d'animateurs boutonneux accompagnés de leur pouf de service (Virgin Radio), de subir les incultes du PAF (NRJ et son Nikos, sosie tête à claques de Max Guazzini), et les éternels has been qui courent toujours après une carrière à la Guy Lux ou Jacques Martin (Bruno Roblès : nous ne prenons pas du GHB tous les soirs). C'est de notoriété publique, au réveil on a le cerveau ramolli, pas besoin de le rappeler.

Est-il utile de nous infliger un Marc Olivier Fogiel et sa femme de chambre (à part pour se demander à quoi peut bien servir un Guy Carlier?), un Nicolas Poincaré aussi coincé que sa voix, ou un Jean Jacques Bourdin capable de vous convertir à la schizophrénie...

Pour finir pendus, vous prendrez bien une dose de pseudo radio, une dose sous morphine de BFM et là c'est sûre... vous n'arriverez jamais au boulot (ni nulle par d'ailleurs).

Qu'est ce que je fais chaque nuit pour mériter tout ça au réveil?

Heureusement, il existe un village d'irréductibles gaulois...

Tous les matins Mathieu Baudoux (libéré de la radio rock) et Laure Albernhe animent les Matins Jazz sur TSF Jazz.

Un réveil en douceur sur des morceaux ni trop ronflants, ni trop oxydants, de Benny Goodman à Dinah Washington, en passant par Django ou Diana Krall.

Là pas de cris, pas de larmes, la revue de presse semble venir d'une autre planète, ni partisane, ni acerbe... pas de Jean Michel Apathie aboyant "vous n'aimez pas les journalistes hein, ne dites pas non je le sais, vous ne m'aimez pas!!!" (imaginez le filet de bave coulant au coin des lèvres), pas de sketchs faussement gauchistes de Jérôme Commander (sur Ouï FM, dont le président n'est autre que le pseudo comic-animateur-producteur Arthur), pas d'insupportables come back de l'éternelle has been (et ne sera jamais) Anne Roumannoff.

Le duo marche à merveille, les invités sont aussi sereins que les animateurs, les rubriques ne sont pas suspicieusement honnêtes. Si l'on n'a pas aimé un film, au moins a-t-on l'honnêteté de dire qu'il n'est pas bon. Pas de bling bling, par d'euros ronflants à gagner, tout au plus des places de cinéma. Même la rubrique culture vous ferait aimer Télérama.

Ce duo plus de charme que de choc vous accompagne doucement vers votre lieu de travail, avec d'autres tambours et d'autres trompettes qui vous feront aimer ce début de journée, sans hurlements... Pas de stress, que du jazz. Et finalement on se dit que l'on est peut-être du matin.

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