20H45, dans un Zénith bondé, la poursuite fixe un fauteuil club dans lequel Jacques Dutronc trône magistralement, sans cigare, sans whisky. Après une première partie anecdotique (digne d’un « Vivement dimanche » spécial Corse avec Charlie Oleg en invité), la grand messe s’apprête à démarrer un troisième soir de suite, le public quinquano-sexa va pouvoir retrouver ses vingt ans.

Comment allions-nous retrouver l’homme au cigare décapité, à la soixantaine trahissante ? 17 ans d’absence, ça laisse des traces ou si peu… Les premières notes ne trompent pas, même si la voix est restée la même, elle est parfois légèrement hésitante, d’autre fois étouffée, mais incroyablement présente. 1h45 d’enchainements de tubes, réorchestrés mais pas défigurés… Le Cactus, Le Petit Jardin, Gentleman cambrioleur, J’aime les filles, La fille du Père Noël… Seul manque à l’appel L’hôtesse de l’air… Dutronc s’amuse avec son public, qui le lui rend raisonnablement bien.

Dans un décor sobre et intimiste, l’orchestration est à la hauteur, même si la pauvre choriste a parfois l’air de se demander ce qu’elle est venue faire parmi tous ces vieux. Heureusement, son air de flûte sur Paris s’éveille nous rappelle qu’elle n’est pas la potiche que l’on pourrait croire, venue pour faire figuration et pouvoir dire un jour à ses enfants « Sais-tu qui est Dutronc p’tit con ? ».

Vincent Lindon vient pour une petite apartée sur Tous les goûts sont dans la nature, pas inoubliable, pas catastrophique non plus, un peu plus potiche que la vraie, mais sa timidité lui sert d’alibi.

Après 1h45 de titres enchainés, le Zénith s’éveille, le public est debout pour un rappel sur Les Cactus, enchaîné par un autre sur Et moi, et moi, et moi, puis La fille du Père Noël. Les plus vieux se déhanchent comme au bon vieux temps, Madame est prête à sauter sur la scène avant qu’elle ne réalise que la hauteur des estrades, ce n’est plus ce que c’était…

Que cela ne plaisent aux grincheux qui voyaient en ce come back un grand coup marketing, c’était du grand Dutronc malgré les années accumulées, un moment légendaire et inoubliable, parole de gamin.

23h les portes du Zénith s’ouvrent sur une esplanade plus enfumée que ne l’aura été la salle, la grand messe s’achève, le public est envouté et certains se disent déjà « vivement demain ».